Faut-il limiter la chasse sur les cultures agricoles ?
Des cultures fragiles et des tensions croissantes
Pour de nombreux agriculteurs, les champs cultivés ne sont pas des terrains de chasse, mais des espaces de production fragiles.
Les passages répétés de véhicules, de chiens ou de chasseurs peuvent abîmer les cultures, perturber les récoltes ou effrayer les animaux d’élevage.
Au-delà des dégradations matérielles, certains agriculteurs dénoncent un sentiment d’intrusion, voire d’insécurité, surtout lors des battues organisées à proximité de leurs parcelles.
Les chasseurs, entre régulation et responsabilité
Du côté des chasseurs, l’argument principal est celui de la régulation du gibier, en particulier du sanglier, dont la surpopulation cause des millions d’euros de dégâts chaque année aux cultures agricoles.
Les fédérations de chasse soulignent que leurs actions contribuent à protéger les récoltes et à limiter les indemnisations versées aux exploitants.
Cependant, si la chasse est autorisée sur certaines zones agricoles (avec l’accord des propriétaires), elle doit se pratiquer dans le respect des règles de sécurité et du droit de propriété.
Les abus — véhicules sur les cultures, tirs trop proches des habitations ou refus d’autorisation — nuisent à l’image de la chasse et alimentent la méfiance entre les deux mondes.
Un cadre légal clair… mais perfectible
Le Code wallon de l’Environnement, et plus précisément le Livre II relatif à la Conservation de la Nature, définit les droits et devoirs des chasseurs.
En principe, aucune chasse ne peut avoir lieu sur une parcelle sans l’accord du propriétaire ou de son représentant.
Cependant, les baux de chasse conclus sur de vastes territoires forestiers ou agricoles peuvent entraîner des confusions : certains agriculteurs exploitent des terres où le droit de chasse a été cédé par le propriétaire foncier, souvent sans concertation.
Résultat : des malentendus récurrents, entre ceux qui travaillent la terre et ceux qui la parcourent pour réguler la faune.
Faut-il limiter la chasse sur les cultures agricoles wallonnes ?
La réponse ne se résume pas à un oui ou un non.
Elle dépendra de la capacité de chacun — chasseurs, agriculteurs, autorités locales — à dialoguer, planifier et se respecter mutuellement.
Car au-delà des champs et des forêts, c’est le vivre-ensemble rural qui est en jeu.

